Histoire de la vigne

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Par M-C Pralus correspondante du Pré inventaire (extraits)

Dans l’Antiquité

La vigne existait déjà à l’état sauvage au paléolithique et des fossiles de pépins de raisin prouvent qu’elle était déjà répandue en EUROPE dès la fin du Tertiaire

Mais c’est en Asie que la culture de la vigne à commencer ; les Phéniciens en rapportèrent en Grèce et les Phocéens jusqu’à Marseille au VIe siècle avant J.C.

Ce qui confirme les dires de Platon 309 avant J.C : " les gaulois sont des buveurs de vin et d’hydromel. "
Avec la colonisation romaine , le vignoble remonte la vallée du Rhône.
Quand arrive-t-il à Saint-Cyr ?

Vers 1573 les historiens Paradin de Cuyseaux et Nicolas de Nicolaÿ ,parlent de la plantation de la vigne dans le Mont d’or lyonnais par les soldats de l’empereur romain PROBUS (276-282)

Sur l’ancien cadastre on trouve la dénomination de " vignes romaines " sur les pentes de la vallée du Pomet (coteau de l’Indiennerie) et de l’Arche.
Le développement du vignoble est dû à l’urbanisation : Lugdunum doit pouvoir s’approvisionner à proximité .

Les romains transportaient le vin dans des urnes en terre cuite ; les gaulois inventent le tonneau en bois , incassable et dont le bois bonifie le vin.

Au Moyen Age

En 984 , Saint-Cyr est cité dans les possessions du Chapitre de St-Jean par l’évêque Burchard et en 990 ,le prévôt de l’Eglise de Lyon André ,reçoit de l’abbé d’Anay : " un curtil de vigne mas et jardin ,le tout situé en lyonnais , canton du Mont d’or , villa Tarantico. "

Dans une charte de l’abbaye d’Ainay on trouve : " Au nom de Dieu ,moi Famberge , je donne à Dieu , à Saint - Martin d’Ainay , deux algies de vigne dans le canton du Mont d’or, villa Calciencis " (La chaux)

C’est l’Eglise de Lyon , propriétaire de nos paroisses qui répand la culture de la vigne .Le vin est indispensable pour la messe bien sûr , mais aussi pour le " vin d’honneur " offert aux hôtes de marque, et bien entendu pour les revenus fiscaux.

Au XIVe siècle on compte environ 300 vignes sur Saint-Cyr.
Les vignes se mesuraient par " fosserées " ou " hommées " c’est à dire la surface qu’un homme peut travailler en un jour , soit 4 ares 28 centiares environ . Mais très vite le terme de " bicherée " réservé au blé , devint une mesure agraire employée pour toutes les cultures . Une bicherée égale 13 ares .

Ancien régime

La dîme était comptée par ânées de vin , c’est à dire la charge d’un bourricot ,ce qui correspond à peu près à 93,22litres (Ce n’était pas une mesure effective ,mais une mesure de compte ).
En 1573 Nicolas de Nicolaÿ s’exprimait ainsi : " Saint-Cire , l’église dans un fort , est situé au pied du Mont d’or abondant en bons vins "
La Renaissance apporta une nouvelle ère de construction qui accrut l’importance des carrières de Saint-Cyr où les habitants étaient tous tailleurs de pierre et vignerons .

En 1697, le curé répondait aux questions de l’Intendant d’Herbigny sur l’état de sa paroisse :
Quelle étendue a-t-elle ?
Une lieue

Quelle portion de vignes ?
La plus grande partie.

On prétend que l’on buvait deux fois plus à Lyon qu’à Paris ! Il faut dire que l’eau est souvent insalubre ; que les paysans et les carriers ont l’habitude de fêter les Saints patrons , tout particulièrement St-Vincent , patron des vignerons où le vin coule à foison.

Au XVIIIe Siècle

Le Curé Ranchon note dans ses registres paroissiaux l’état des vignes ,leurs productions ,le prix du vin , et la construction de deux caves au fond de l’église .(Indépendantes , l’une d’elle servira de chaufferie à la salle des Vieilles Tours avec un accès vers l’extérieur )

Extraits du registre paroissial :
En 1752 , la vendange a été fort abondante ;les vignes de la cure quoique en mauvais état ont assez produit : les vignes de Ferrouil (Ferroux) dites " des burettes " n’ont rien produit soit parce qu’elles étaient en partie en terre , partie en vieille vigne "

1758 Il n’y a eu au dîme que 20 ânées de vin . Les ouvriers ont fait du vin de composition avec des fruits ;la misère est fort grande .. "

1788 Etat du village remis au bureau du département de l’élection de Lyon :

> La population est d’environ 1200 personnes dont 400 enfants au-dessous de l’âge de 12 ans . On compte 300 feux.

> Les productions de la paroisse consistent principalement en vin qui n’a de cours qu’à Lyon , qui ne se vend pas, depuis la cherté des entrées et la cessation des fabriques de Lyon .
1789. J’observe que les vins se vendent 12 livres l’ânée , le blé 8 livres 10sols le bichet . Le froid rigoureux qui dure depuis le 8 décembre 1788 est cause que les denrées sont hors de prix . Le Rhône et la Saône sont gelés tellement qu’on passe avec des charrettes sur l’un comme sur l’autre fleuve depuis un mois . "

Au XIXe siècle : l’âge d’Or

Les paysans devenus propriétaires depuis la révolution s’enrichissent et clôturent leurs champs . La vigne grimpe jusqu’au Mont Thou.
La grande ville qui s’enfle avec la révolution industrielle achète de plus en plus de vin.
Dès 1850 le plan de Gamay bien adapté au sol argilo-calcaire se répand sur le Mont d’or
Hélas , en 1870 , l’invasion du philloxéra , ce puceron qui suce les racines de la vigne , détruit tout le vignoble .
D’autre part , le chemin de fer récent inonde le marché des vins du Languedoc ,sans parler du Beaujolais et de la Bourgogne.
Malgré les nouvelles plantations du plant américain la prospérité du vignoble déclinera à partir de la guerre de 1914.

Au XXe siècle

Les coteaux du mont Cindre sont encore plantés de vignes ,mais la production fruitière domine. De nombreux fruits ont été obtenus dans notre village : l’abricot Bergeron , la pêche Belle de Saint-Cyr , la poire Ste Anne de l’horticulteur Joannon à Mercuire .
Il reste cependant assez de vin pour alimenter les 26 cafés ou épiceries porte-pot de Saint-Cyr en 1911 !

Chaque bistrot à son fournisseur / la Baticolière livrait le vin au Grand Café de la Place , environ 100 l tous les deux jours , du gamay titrant 10°5 à 11° .
Les hameaux avaient bien sûr leur café :La Chaux , Les ormes , Fayolle, La Bussière , La Croix des Rameaux ,Le Mont Thou , le Mont Cindre , Les Gasses ...

Certains vignobles obtinrent le label " Appellation d’origine " :
VINS DU LYONNAIS - COTEAU DU MONT D’OR
COMMUNE DE SAINT- CYR AU MONT D’ OR
RELEVE DES DECLARATIONS DE RECOLTE
Effectuées en exécutions des articles 1 et 2 de la loi du 29 JUIN 1907

  • 1907 19 producteurs 5 hectares 40 ares 253 hectolitres rouge et blanc
  • 1914 75 producteurs 55 " 74 ares 568 hectolitres " et "
  • 1930 102 producteurs 99 88 ares 1085 hectolitres ! " et "
  • 1942 109 producteurs 32 hectares 14 ares 681 hectolitres rouge - 19 hect
  • 1968 55 producteurs 11 hectares 14 ares 466 hectolitres " - 9 hect.
  • 1986 11 producteurs 1 hectare 36 ares 62 hectolitres 75 rouge
  • 1999 2 producteurs 17 ares 10 hectolitres rouge

En 1935 , la Mairie enregistre les déclarations pour 369HL de vins d’appellation d’origine , 110Hl en 1944 , 45hl en 1945 , et 15hl en 1948

L’histoire de la vigne offre en même temps celle de ses dangers … Certains cépages étaient particulièrement néfastes à la santé : Noah , Otthello ,Isabelle , Jacquez , Clinton, Herbement .

En 1935 une grande campagne d’arrachage fut lancée et s’éternisa sur plusieurs décennies puisqu’en 1955 on déclarait encore des productions de cépages interdits (226hl)
On comptait alors une centaine de déclarants .

A partir de 1960 Les vignes disparaissent au profit de l’habitat pavillonnaire . Les héritiers des grandes familles paysannes sont tous partis en ville et même s’ils restent sur la commune ont financièrement intérêt à vendre leur terrain pour la construction .
Entre 1955 et 1968 la moitié des vignes sont abandonnées , et de nouveau plus de la moitié restante entre 1968 et 1976.
An 2000

Il reste deux vignes sur une superficie totale de 17 ares : une au Monteillier et une aux Charbottes avec une production de 5hl chacune.
Ne serait-il pas temps de planter une vigne communale -comme à Montmartre- vendangée chaque automne par les Saint-Cyrots ?

Prochaines étapes : le cycle de la vigne - le travail de la vigne par nos ancêtres : 1/ par nos grands-pères 2/ par nos pères 3/ Méthodes actuelles

les maladies de la vigne - la taille de la vigne - les vendanges - la vinification -les alcools et dérivés du vin .